Mis à jour le 28 octobre 2024 par JulieB
Öland, est une discrète bande de terre de 137 km de long et de 16 km de large formant une sorte de bouclier à l’entrée du port de Kalmar, ville à laquelle l’île est reliée par un pont de 6 km. Moins connue que sa grande sœur Gotland, elle reste chérie des vacanciers suédois en quête de soleil et de paysages à couper le souffle. Que ce soit au niveau naturel, culturel et historique, l’île ne cessera de vous surprendre. Le long des routes, défilent des siècles d’histoire, et des merveilles naturelles à l’état sauvage.
Une île, deux ponts
Pour atteindre la longiligne île d’Öland (parfois orthographiée Aelande) depuis Copenhague, il faut traverser deux ponts. D’abord celui de Malmö, puis celui reliant Kalmar à Öland. Une double excursion en quelque sorte, vu qu’il faut d’abord traverser Skåne, puis le Beklinge (Kristianstad), puis le comté de Kalmar. D’ailleurs, pour qui veut bien prendre le temps, les possibilités de randonnées et de balades sont multiples, comme le magnifique parc naturel de Stenshuvud, et bien sûr l’imposant château de Kalmar. C’est justement lors d’une visite à Kalmar, que l’envie de visiter Öland est venue, grâce à une exposition sur les richesses archéologiques de l’île en forme d’aile de papillon, selon les termes de Selma Lagerlöf, dans le merveilleux voyage de Niels Holgersson. Le grand pont rectiligne n’était qu’une incitation de plus, comme une flèche dirigée vers ce territoire intriguant, peuplé depuis le début de l’histoire de la Suède.
Öland, île riche de contrastes
Lorsqu’on débouche du pont, il faut bien choisir une direction, nord/sud, est/ouest. Sur une île aussi étendue, il faut bien évidemment penser à son itinéraire. J’ai choisi de commencer par le nord-ouest, pour redescendre ensuite par le flanc est le lendemain. La forteresse de Borgholm et le château de Solliden ont donc été mes premiers arrêts. Quasiment côte à côte, les deux monuments ont pour l’un été construit au 12e siècle dans un but clairement défensif, et l’autre une résidence royale de style italien, depuis 1906. Presque sans transition, je me suis retrouvée près des ruines de l’église de Sainte Bridget, balayées par les vents. Sans le phare style Cap Canaveral et les petites maisons de pêcheurs rouge falun, j’aurais juré m’être téléportée en Irlande.
La route des carrières de pierre au soleil couchant
Après ce bref aperçu venteux de la façade est, j’ai longé la côté ouest. Celle où le soleil se couche. Une lumière dorée vient caresser la roche cuivrée des carrières à ciel ouvert, se jetant dans la mer. Je ne m’attendais absolument pas à ce type de paysages, encore moins après avoir fait une embardée irlandaise sur la côte est.
En contrebas, les petites maisons de pêcheurs-carriers baignent dans leur jus. Les barques semblent attendre que leurs propriétaires les sortent à l’aube, pour ensuite les treuiller de nouveau sur la grève. Ponctuée de moulins, la route est bordée à droite par des dentelles de murs en pierre sèche. Encore une réminiscence irlandaise. Au large, la mystérieuse île de la Vierge Bleue (Blå Jungfrun) veille. Cette coupole de granit rouge aujourd’hui réserve naturelle, faisait l’objet de bien des croyances.
La chaussée de Neptune et le gardien du nord
Sans trop me questions poser, je remonte la côte jusqu’à atteindre une forêt classée réserve naturelle. Je me perds alors dans des chemins de traverse où la lumière du soir filtre à travers la cime des arbres, enflammant les aigrettes de pissenlit. Magique. Je rattrape la route côtière au niveau de la chaussée de Neptune, une sorte de plage figée dans le calcaire (genre plateau de Buren) léchée par des vagues outre-mer). Le soleil couchant est pile au rendez-vous. J’attends le phare de Långe Erik, triomphant dans un ciel flamboyant. C’est décidé, je passerai la nuit sous sa protection.
Des forêts écolos
Après un bref passage forestier dans l’éco-forêt du troll (proposant un parcours découverte pour les enfants), je continue vers la plage de Böda. Un petit point pratique s’impose : l’eau est rare sur l’île, notamment en été. En effet, c’est une île connue pour son ensoleillement, comme l’île de Bornholm au Danemark. Alors vous verrez souvent des panneaux intimant à économiser l’eau, et des toilettes sèches.
Dans cette forêt de Böda, je fais un point météo des plages avec un pêcheur à la ligne danois, qui trouve que je parle bien danois pour une Suédoise…En termes d’accents, j’ai évolué en 10 ans de pratique : d’Allemande, je suis passée à Norvégienne, et me voici maintenant Suédoise. En tout cas, si les vagues n’étaient pas trop gênantes pour le pêcheur, le petit vent froid n’invitait pas à la baignade. Nous sommes encore en mai, et au moment de ce voyage, Copenhague est noyée sous des pluies diluviennes dignes d’un mois de novembre.
Des cercles de pierres dans les clairières
Plus verte, la route orientale traverse les forêts, et au milieu des arbres sommeillent des villages de l’Âge de Fer. Rosendal est l’un des mieux préservés. Quand ses 14 maisons ont été découvertes dans les années 80, le directeur de chantier à surnommé la zone « la Pompéi agricole ». Autour des différents villages, vous observerez des cercles en forme de barque. Ce sont les cimetières, en dehors des murs de la ville. La ronde Ismantorp est la forteresse qui m’a le plus impressionnée : 95 fondations de maisons dans un cercle de 127 mètres de diamètre, et de 2,5 mètres de haut. Les archéologues soupçonnent que ces neuf points d’entrée ont à voir avec la symbolique de ce chiffre dans la mythologie nordique: le renouveau.
Pause déjeuner à Borgholm, capitale gastronomique
La réputation gastronomique d’Öland fait écho à sa réputation de destination soleil. Les kroppkakor, des ravioles de pommes de terre, est le plat le plus typique du coin. Je ne l’ ai pas trouvé lors de ma pause de midi à Borgholm. Mais j’ai mes papilles gardent un très bon souvenir de la brasserie Tack og Bock. Comptez entre 200 et 300 SEK pour le plat principal et boisson (café et dessert inclus le midi). La petite ville compte plusieurs adresses connues, où il faut parfois réserver plusieurs semaines à l’avance.
Du grand Alvar au mur de Charles X Gustave: de réserve naturelle à réserve de chasse
Les routes détonnent avec celles du nord, plus champêtres, sur les bordures, et carrément sauvages dans l’intérieur des terres. Le Grand Alvar en est l’illustration. Aussi appelé lapiaz (ou lapié), l’alvar est une grande étendue plus ou moins plane, reposant sur une roche calcaire (toujours notre plateau de Buren) recouvert d’une mince couche de terre, elle-même recouverte d’une végétation rase et clairsemée. La zone classée par l’UNESCO est délimitée par la route, et de toute façon, le Mur de Karl X Gustav vient brusquement couper l’île sur toute sa largeur. Malgré ses faux airs de mur d’Hadrien miniature, cette barrière n’était destinée qu’aux biches et aux cerfs. Non pas pour les repousser, mais pour garder ses jouets bien au chaud.
Le grand Jean en figure de proue
Cette muraille délimite aujourd’hui une réserve naturelle où les vaches et les moutons se la coulent douce, particulièrement sur le bitume chaud. Au bout de ce grand pâturage vert d’une platitude à faire pâlir de jalousie les campagnes danoises, se dresse un phare bicolore. Le phare de Långe Jan, la proue du navire Öland. Du haut de ses 42 mètres, et avec un vent à décoiffer les phoques, la vue panoramique que nous offre le Grand Jean est à couper le souffle (le nôtre au moins). Du haut du phare j’aperçois un grain plus que menaçant, tout droit venant des chez nos amis les Danois. La billetterie ferme à 16h45, le phare à 17h.
Les paysages sont très beaux, effectivement, ça me fait penser aussi un peu à l’Irlande. C’est toujours plaisant de voir quelques reliefs dans ces secteurs ! 🙂
Ahh ça me rassure 😉 La Suède est un peu plus montagneuse que le Danemark. Öland en revanche était plutôt peu vallonnée. La famille royale s’est installée à Solliden hier, pile pour la publication de l’article!