Mis à jour le 18 novembre 2024 par JulieB
Remonter le temps et la côte nord de Copenhague à la fois, c’est possible avec le superbe train à vapeur opérant dans la région nord de Copenhague, pendant la période de Noël.
Quel panache !
10 heures 45, Gare Centrale de Copenhague. Machinalement, je cherche mon train sur l’écran des départs situé sur le pont qui surplombe les voies, sans vraiment être sûre de l’y trouver. Je ne serais pas surprise de devoir débusquer le quai 9 ¾ , car le train que je dois prendre aujourd’hui sort quelques peu de l’ordinaire. Tout à coup, je me retrouve engloutie dans une immense colonne de fumée blanche, le sol vibre sous mes pieds, et dans un long sifflement, je vois débouler la locomotive centenaire pile sur la voie au-dessous de laquelle je me trouve. Aucun doute, voici mon « train pas comme les autres » !
Embarquement immédiat pour un voyage dans le temps
Descendre les escaliers comme si chaque marche représentait une dizaine d’années. Loin de passer inaperçu, les chanceux présents dans la gare ce matin-là regardent ce train tout droit sorti d’un livre d’histoire(s), à la fois hébétés et émerveillés. Pourtant, ce train n’est pas si vieux, à peine plus de cent ans, et il est parfaitement à sa place dans la gare de Copenhague, originellement construite pour des trains de ce type.
Un train exceptionnellement bien conservé
Je remonte la file de wagons, de la réserve de bois qui servira au retour, jusqu’au compartiment de 1ère classe, juste derrière la locomotive Motala suédoise de 1917 (Rachetée par le Nordsjællands Jernbaneklub en 1989). Des sièges en bois flottant, aux confortables sièges de velours, tout les wagons sont en parfait état. Seules les bornes bleues de la rejsekort sur le quai et les masques me rappellent que nous sommes en 2020. Cela dit, le quai baigne dans la vapeur, et le masque est appréciable.
Anachronismes en séries
Mon compartiment est déjà occupé de deux adorables ados passionnés de trains anciens, épluchant chaque détail de notre petit salon au millimètre. J’ai l’impression d’être dans un film d’Harry Potter dirigé par Wes Anderson. Nous assistons tous les trois au départ du train sur la plate-forme extérieure, dans un tourbillon de fumée blanche. Les trous présents dans l’arcade du tunnel prennent alors tout leur sens, ils sont clairement fait pour évacuer la quantité de vapeur relâchée lors de la mise en branle de notre imposante locomotive, traînant son chapelet de wagons. Vesterport, Nørreport, Østerport, notre train passe les stations du centre-ville à belle allure, devant le regard ébahis des passagers à quai, qui ne s’attendent pas à voir passer autre chose que l’habituel s-tog. La surprise laisse place au sourire et ils nous font de grands signes de la main. L’anachronisme est grisant.
Bon voyage !
Nous regagnons la chaleur relative de notre kupé, aux fenêtres condensées et aux douces vibrations entrecoupées de temps en temps d’un fier « tchou tchou ». Petite pause de 10 minutes à Klampenborg, où le contrôleur nous demande amusé pourquoi nous n’avons pas encore touché à la carafe de porto, prête à l’emploi dans son support de bois. Après tout, c’est presque l’heure de l’apéro, skål ! Notre efficace machine à remonter le temps nous dépose une demi-heure plus tard à Helsingør, où le Père- Noël nous attend sous une fine pluie de neige. Nom d’un terminus, on ne pouvait pas rêver meilleure entrée en gare ! Un mélange de passagers vêtus d’habits 19e et 21e se disperse sur le quai en direction du centre-ville, où nous avons trois heures avant de revenir au train.
Les derniers seront les premiers
Pour repartir dans l’autre sens, la locomotive s’est placée en tête du dernier wagon, et nous voici en bout de file pour une nouvelle perspective. De l’étroite plate-forme métallique à l’entrée de notre compartiment, la vue est panoramique, et en se penchant un peu, on aperçoit le train dans toute sa longueur. À mesure que le soleil décline, il fait bon s’engoncer dans l’épais velours des sièges, et se laisser transporter par le jeu des lumières sur les fenêtres embuées.
Retour en gare centrale de Copenhague à 16h30, dans un nuage de fumée immaculée tranchant sur le bleu marine du ciel. Luisant de transpiration, notre vétéran des chemins de fer apprécie une petite pause pour reprendre son souffle avant de partir à la remise, pour un bon graissage et cinq jours de repos. Un énième voyage réussi de plus à son compteur, sådan !
Bonjour Julie.
Est-ce un aspect qui te manque et te désole ou es-tu plutôt d’avis que l’on peut très bien vivre sans cette couverture blanche. Dans mon pays, on ne peut imaginer un Noël sans un manteau blanc au sol. En admirant tes admirables photos, je n’ai pu que constater une certaine tristesse, une grisaille.
Wolfgang
Bonjour Wolfgang, J’ai grandi en Bretagne où il y a encore moins de neige, donc je ne peux pas vraiment dire que ça me manque…et je ne vois pas l’intérêt de se désoler. Le seul Noël que j’ai passé au Danemark, il a neigé. Cette année il fait très gris, mais c’est l’ambiance Corona générale je crois. De quelles photos parlons-nous?
Bonjour Julie,
Je faisais bien entendu référence aux photos prises lors de ce voyage en train d’époque. Je croyais sans doute à tort que tu passais tous tes Noëls au Danemark avec ton chéri.
Wolfgang
Il neigeait ce jour-là, justement.
Ahah, je ne suis pas devenue orpheline en déménageant au Danemark.
Joyeux noël !
C’est génial, j’aimerai trop, j’aime beaucoup les trains, pas forcément plus les anciens mais ça doit être une super expérience ! 😀
Il faut venir l’année prochaine pour Noël, en espérant que l’esprit soit plus à la fête!
Surpris de constater le peu de neige. Quel contraste avec les Québec.
Wolfgang
Il y a très peu de neige à Copenhague (climat océanique d’une île), surtout en novembre. Il faut en général attendre fin janvier ou février, et ça ne dure que deux semaines en moyenne. L’an dernier, nous n’avons même pas eu de neige sur plus d’une journée.