Randonner dans le Jotunheim et tutoyer les sommets norvégiens

Jotunheim

Mis à jour le 16 octobre 2024 par JulieB

Jour 1 : Lom, porte d’entrée du Jotunheim

Lom est une petite commune charmante, souvent considérée comme la porte d’entrée du Jotunheim. Si vous vous souvenez de mon article précédent sur Aalesund, je vous parlais d’une pluie doublée de vents violents sur la côte des fjords. Mon pari était de me réfugier derrière le mur protecteur des montagnes du Jotunheim (aussi appelé Jotunheimen). Figurez-vous, qu’une demie heure avant d’arriver à Lom, le ciel s’est miraculeusement dégagé pour devenir d’un bleu parfait. Vive la montagne !

Avant de commencer l’aventure montagnarde, prenez le temps de visiter l’église en bois debout (stave kirke) de Lom, une des plus anciennes du pays (la nef et du XIIe siècle et les bas-côtés du XVIe), et de vous approvisionner pour les randonnées à venir. De nombreux commerces locaux proposent des spécialités norvégiennes parfaites pour un casse-croute, comme du pain plat ou du brunost (fromage brun).

Je connaissais la boulangerie de Lom de réputation. Quand je me suis arrêtée sur le bord de la route pour me faire un café le long des fjord (à plus d’une centaine de kilomètres, donc) une locale me l’a décrite comme LA meilleure boulangerie de Norvège.

Le passage à l’office du tourisme s’est avéré être l’idée du jour. J’y ai trouvé un amoureux de randonnée, connaissant la région sur le bout des doigts. C’est aussi un bon moyen de poser des questions sur la météo, l’équipement, et le niveau de difficulté des randos.

Il m’a aussi conseillé le Fossheim hotel, où j’ai apprécié un bon repas chaud traditionnel, toujours accompagné de cette Fripa– la bière sans alcool du conducteur prudent.

En quittant Lom par la route 51, vous entrez dans un paysage de montagnes et de lacs d’une beauté saisissante, notamment le Lemonsjøn. Direction Besseggen, l’une des randonnées les plus populaires de Norvège.

Jour 2 : Randonnée de Besseggen – sur la crête entre ciel et fjords

La randonnée de Besseggen, qui relie Memurubu à Gjendesheim en 16 km, est une aventure palpitante et l’une des plus prisées de la région. Le départ se fait en prenant un bateau depuis Gjendesheim jusqu’à Memurubu, avant de gravir la célèbre crête qui sépare le lac Gjende et le lac Bessvatnet. D’un côté, vous avez le Gjende, aux eaux d’un vert émeraude, et de l’autre, le Bessvatnet, d’un bleu glacial. Pensez bien à réserver le bateau au moins la veille, histoire de ne pas se retrouver littéralement le bec dans l’eau. Notez aussi que le parking est payant, ainsi que la navette vers l’embarcadère. Si vous visez bien niveau timing, garez votre véhicule 30-45 minutes avant le départ du bateau, et allez à pied à l’embarcadère…ce n’est vraiment pas très long.

La montée est raide par endroits (plus facile dans le sens Memurubu-Gjendesheim), mais la vue est incroyable. Une fois arrivé au sommet de la crête, la vue panoramique sur le Jotunheim est inoubliable. Comptez environ 6 à 7 heures pour le chemin des crêtes (possibilité de rester au niveau du lac), et des variations de températures entre coup de chaud au début, et vent glacial au sommet. Cela dit, j’ai vu Américain faire la rando en jean et baskets, en mode « Just do it ». En route, j’ai rencontré un couple de Parisiens sympathiques. Nous sommes revenus à Gjendesheim en 6h, sans nous presser et avec une petite pause déjeuner. Nous avons croisé beaucoup de chiens sur cette rando, et ils ont été plus rapides que nous !

En fin de journée, retour à Lom pour une nuit bien méritée ou bien campez sur le bas-côté de la route 51 (il y a de nombreuses aires éloignées du « trafic » –j’ai croisé plus de vaches que de voitures). La vue et le bruit du torrent en contrebas sont magiques. Au petit matin, je me suis baladée dans une forêt de mousse et de lichen, extraordinaire !

Jour 3 : Vallée de Bøver et nuit au refuge de Leirvassbu

Le lendemain, reprenez la route, cette fois en suivant la magnifique route 55, également appelée la Sognefjellsvegen, qui traverse le parc national du Jotunheim. Cette route, l’une des plus hautes d’Europe, offre des paysages à couper le souffle, où glaciers et sommets enneigés dominent l’horizon, dans une ambiance plus verte et plus humide (ces fameux nuages bloqués sur la façade ouest).

Tournez ensuite en direction de la vallée de Bøver, un lieu encore préservé du tourisme de masse (la route est payante, la réception du refuge vous aidera à payer en ligne. Vous avez 48h pour payer, sans quoi vous devrez essuyer des frais de dossier). C’est l’occasion parfaite de profiter d’une randonnée plus tranquille, loin des foules. Les sentiers vous mènent à travers des plateaux rocheux, le long de rivières cristallines et jusqu’à des vues sublimes sur les montagnes environnantes et leurs glaciers. J’ai pris la route vers Spiterstulen, le long d’un chapelet de lacs appréciés des pêcheurs. Le gros avantage de la Norvège est de pouvoir trouver de l’eau potable tout au long du trajet, car c’est souvent ce qui pèse le plus lourd dans mon sac.

En fin de journée, vous arriverez au refuge de Leirvassbu, niché au cœur des montagnes. Ce refuge chaleureux est l’endroit idéal pour passer une nuit en pleine nature, avec une vue incroyable sur les sommets alentour. Dans un cadre tout en bois, les repas y sont copieux et réconfortants, parfaits pour récupérer après une journée de marche.

Nota bene : vous pouvez également rejoindre Leirvassbu en 2-3 jours depuis Gjendesheim, en passant par Besseggen, Memurubu (où il y a un refuge spacieux), Gjende (refuge plus basique), puis Leirvassbu (refuge grand luxe).

Jour 4 : Ascension du Galdhøpiggen

Le dernier jour de cette aventure vous réserve un défi de taille : l’ascension du Galdhøpiggen, qui s’élève à 2 469 mètres, ce qui en fait le point culminant de la Norvège. Pour cela, rejoignez Juvasshytta, un refuge situé à 1 841 mètres d’altitude, d’où commence la randonnée (la route est également payante, machine à l’extérieur du refuge).

L’ascension peut être réalisée avec ou sans guide, mais si vous n’êtes pas habitués aux conditions glaciaires, il est recommandé de partir avec un groupe encadré (tous les jours à 10h depuis le refuge, sauf conditions trop dangereuses). L’avantage du guide, c’est qu’il vous fera couper par le glacier, ce qui réduit le temps de randonnée. J’ai aussi apprécié des explications sur le terrain, la faune, la flore, l’histoire de la région et surtout le lichen (pour lequel je me suis découvert une fascination). Le guide a aussi mis l’accent sur le recul du glacier, et comment le lire sur la roche. Depuis le sommet, les efforts sont récompensés par une vue imprenable sur les montagnes environnantes. Par temps clair, vous pouvez même apercevoir la Suède et la mer au loin (la mer ce sera pour la prochaine fois).

L’ascension prend environ 4 à 6 heures aller-retour. Une fois au sommet, la satisfaction de se tenir sur le toit de la Norvège est immense !

En un rien de temps, la météo est passée du soleil radieux à de gros nuages de pluie bien gris. J’ai repris la route entre deux extrêmes, puis continué sur la magnifique nationale 55, qui m’a réservé des paysages à couper le souffle…ainsi que quelques frayeurs.

Quelques conseils pratiques

  • Équipement : Assurez-vous d’avoir des vêtements adaptés à la randonnée en montagne, y compris des couches imperméables et chaudes. Les conditions météorologiques peuvent changer rapidement. Des gants légers et un bandeau suffisent en été. Des gants de ski et un bonnet en automne, ainsi qu’une lampe frontale pour les jours plus courts. Éventuellement des bâtons de marche. Mais je préfère avoir les mains libres, et je trouve que ça peut créer des tensions dans les épaules et les mains. Privilégier des poignées en liège car le plastique conduit le froid.
  • Approvisionnement : Lom est l’un des derniers villages avant les grands espaces, pensez à vous ravitailler avant de partir.
  • Sécurité : Certains itinéraires, comme l’ascension du Galdhøpiggen, passent par des glaciers. Si vous n’êtes pas expérimenté, partez avec un guide pour éviter les risques. Crampons et corde fournis. L’application de la météo norvégienne Yr est votre meilleur allié pour prendre des décisions avant et pendant la rando.
  • Refuges : Les refuges comme Leirvassbu sont des endroits parfaits pour poser son sac à l’abri des éléments. Réservez à l’avance pendant la haute saison sur le site de dnt ou ut i naturen. Fin août, je n’ai pas réservé, mais j’ai appelé pour m’assurer qu’ils aient de la place et prévenir la cuisine de me garder un repas chaud. C’était tellement calme que j’ai pu bénéficier d’une chambre seule. Au bout de 2-3 nuits, c’est intéressant de prendre une adhésion à l’année pour bénéficier de bonnes réductions.
Rando Spiterstulen

Jotunheim, le pays des géants

Randonner dans le Jotunheim, c’est entrer dans un monde où la nature règne en maître, où chaque sommet, chaque vallée vous dévoile une nouvelle facette de la beauté sauvage de la Norvège.
De manière très poétique, la mythologie nordique désigne ce territoire comme celui attribué par Odin aux géants de glace à la Création. De la célèbre crête de Besseggen à l’ascension du Galdhøpiggen, ces quelques jours passés à explorer les sentiers autour de Lom et le long des routes 51 et 55 m’ont offert des souvenirs impérissables. Que vous soyez un randonneur aguerri ou un amateur de grands espaces, le Jotunheim vous promet une aventure au sommet de la Norvège.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.