Voir Ribe et son soleil noir

Mis à jour le 12 novembre 2020 by Julieb29

Ribe

Ribe est une destination prisée en toute saison. Pourtant, je n’y avais jamais mis les pieds. Le charme de cette petite ville médiévale au passé bien présent a fini par m’attirer au sud du Jutland, pour une journée d’automne entre patrimoine historique et naturel.

[Copenhague, un vendredi matin d’automne] Nous sautons dans la voiture et roulons plein ouest, quittant notre chère mer Baltique pour la mer des Wadden.

Passer le Storbaeltsbro a toujours un parfum d’aventures. Ce jour-là, les pilonnes du majestueux pont séparant le Sealand du reste du pays percent à peine la brume matinale.

Après une escale sur l’île de Fyn, nous traversons maintenant une campagne danoise aux couleurs flamboyantes, jusqu’au moment où une grande forme noire s’élève au-dessus de cet horizon d’un calme plat. Aucun doute, nous sommes arrivés à Ribe.

Ribe, une capitale viking

Le temps s’est arrêté à Ribe. Quel choc entre la moderne Copenhague et la traditionnelle Ribe! Et pour cause: fondée au début du VIIIe siècle, Ribe est la plus ancienne ville du Danemark. Maisons à colombages, sinueuses rues pavées, petits jardins au bord de l’eau. Ribe est un petit bijoux où il fait bon se perdre. Au bord d’une rivière, l’eau est un élément récurrent venant ponctuer la ville de ses écluses et des ses étangs. Tantôt bouillonnante, tantôt lisse comme un miroir, l’eau magnifie les bâtiments et apaise le promeneur.
On ne peut que féliciter les habitants de Ribe d’avoir su prendre soin de leur patrimoine afin de garder cette atmosphère médiévale et coquette. On y trouve même une version danoise du Flat Iron newyorkais: Strygejernet.

Petit conseil: le musée des beaux-arts aux allures flamandes vient juste d’être rénové. Par contre son prix a quasiment doublé (de 30 à 70 couronnes, soit 10 euros). Vous n’y serez pas dérangés par la foule. Si l’art danois ne vous inspire pas, passez au moins par son jardin donnant sur la rivière.

Musée des Beaux-Arts de Ribe

En flânant dans les rues de Ribe, j’ai laissé mon regard se perdre dans les nombreux détails de son architecture qui font tout son caractère.

Les portes de Ribe

Loin d’être un détail, un monument trône au centre de la ville. C’est l’emblème de Ribe.

Une cathédrale de taille

En voyant la silhouette massive de la cathédrale de Ribe se détacher au-dessus des toits des maisons, elle semble disproportionnée par rapport au reste de la ville. Frappée par des inondations, la peste et bien d’autres aléas de l’histoire, Ribe a perdu son importance commerciale, mais la cathédrale est demeurée.

La cathédrale de Ribe, ou Domkirke reflète le statut de la ville avant l’an mil, à savoir la ville de Scandinavie la plus importante en matière de négoce. En 860, quand Ansgar, l’archevêque de Hambourg-Brême débute la mission de déployer le Christianisme vers les pays nordiques, il demande au roi du Danemark, Horik II, de construire à Ribe la première église scandinave, accroissant d’avantage le rayonnement de la ville. En 948, le premier diocèse danois y sera établi. Mais la construction de la cathédrale telle qu’on la connaît aujourd’hui ne commençe qu’en 1150 pour finir cent ans plus tard, en 1250.

Pour les amoureux d’art religieux, une autre petite église se trouve non loin du musée des beaux-arts: l’église Sainte-Catherine, dont la tour a un point commun avec celle de Pise. Elle repose sur un vérin, luttant contre son penchant inconsidéré pour le sol danois.

Une taverne danoise

À Ribe, l’histoire n’est pas qu’une façade. On la retrouve en poussant la porte grinçante du Weis Stue. À deux pas de la Domkirke, cette auberge est idéalement placée pour une pause déjeuner. En général, j’ai tendance à me méfier des établissements trop près du centre historique, mais après un rapide coup d’œil à la carte et à l’intérieur, impossible de résister. Nous n’avons pas été déçus. Le service est impeccable et rapide, et nous nous sommes régalés. Petit regret sur le choix de bière assez restreint. Mais le Weis Stue fait dans le classique!

À la table d’à côté, ça parle oiseaux migrateurs. Esben tend l’oreille et me confirme que ce groupe de Danois en salopettes et bottes de caoutchouc se prépare tout comme nous à partir à la recherche du soleil noir de Ribe.

À la poursuite du soleil noir

Si la ville de Ribe a perdu de sa superbe en termes de commerce, le tourisme bat son plein l’année durant, en été pour la mer et en hiver pour le marché de Noël. Au printemps et à l’automne, c’est un phénomène unique qui attire les visiteurs. Le ciel de Ribe est le théâtre d’étonnants ballets aériens à chaque mi-saison. Près de 6 millions d’oiseaux transitent par la cité médiévale. Pour se protéger des faucons autres oiseaux de proies, les étourneaux forment une sorte d’essaims de plusieurs centaines de milliers d’oiseaux au vol aléatoire. Leur danse synchronisée pouvant par moment éclipser le soleil est un spectacle exceptionnel. Pour l’observer, le meilleur moment de l’année est le mois de septembre. Quand je vous disais que l’automne au Danemark c’est froid, mais sympa!

Vol d'oies sauvages

Nous nous sommes aventurés dans la zone marécageuse le long de la digue préservant la campagne danoise. En fin de journée, jusqu’au coucher du soleil, c’est le moment idéal pour partir à la “chasse aux oiseaux”. Il faut s’armer de patience, surtout en cette fin de saison, car la plupart des étourneaux ont déjà décampé en France. Il faut savoir que cette zone est classée réserve de biosphère par l’UNESCO, comme toute la côte descendant jusqu’en Hollande.

La balade est magnifique en elle-même. La vie à Copenhague n’a rien à voir avec celle d’un fermier du Jutland. C’est une autre dimension du Danemark.

Du haut de la digue nous apercevons Mandoe. D’ailleurs, le dernier tracteur-bus de la journée emprunte la voie inondable (façon passage du gois à Noirmoutier).

Tracteur pour Mandoe

Quelques photographes et quelques joggeurs nous accompagnent dans notre quête. Au final nous avons vus beaucoup d’oiseaux, mais rien de réellement impressionnant. Il faudra revenir en 2016!

► Laurène Champalle raconte son expérience du soleil noir dans un magnifique texte pour Libération: Le soleil s’éclipse au bal des oiseaux.

Carnet pratique

Ribe est située au sud-ouest du Jutland, près de la mer du Nord et de l’embouchure de la rivière Ribe Å.

Il est possible d’arriver à Ribe soit pas l’autoroute, soit par la route nationale (bien plus jolie), et bien sûr par le train et le bus. En voiture, il faut compter 3 heures de route depuis Copenhague.

Pour partir à la recherche des oiseaux, il faut prendre la direction de la digue, et de Mandoe. De la perdez-vous dans la campagne et soyez patients. N’oubliez pas:

  • des vêtements chaud
  • des chaussures qui ne craignent pas la bouse
  • une thermos
  • éventuellement des jumelles pour repérer les essaims d’oiseaux.


Avez-vous déjà expérimenté le soleil noir? 

2 thoughts on “Voir Ribe et son soleil noir

  1. Un sujet très intéressant et très bien présenté !!
    Ce dernier rend réellement compte de la différence notable entre Copenhague et le Jutland, que je ne soupçonnais pas avoir un écart tel, comme nous le montre les photographies.
    Cet endroit du Danemark a l’air d’être véritablement plaisant pour souffler un peu, avec sa verdure et ses landes marécageuses. Je crois savoir que le vent souffle beaucoup et fort là-bas ?….

    Alexis.

    • Merci Alexis, je suis contente que l’article t’ait plu. C’était effectivement une pause très agréable avant de retrouver Copenhague! Tu as raison, le vent souffle pas mal sur la côte ouest, et comme c’est plat…Mais rien qui puisse décoiffer un Breton ;)/J

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.